Biographie nationale de Belgique/Tome 1/BARRET, Jean-Arnould

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BARRET (Jean-Arnould), évêque de Namur, né à Looz, le 22 février 1770, mort à Flémalle-Haute, le 31 juillet 1835. Issu d’une ancienne famille noble d’Irlande, Jean-Arnould était fils de Gilles Barret, qui, après avoir servi dans les armées françaises en qualité d’aide-major chirurgien, vint s’établir à Looz vers 1763. Le jeune Barret fit ses classes latines à Saint-Trond et à Liége, étudia ensuite la théologie au Collège germanique à Rome, et y fut sacré prêtre en 1793. L’année suivante, le prince-évêque de Liége lui conféra un canonicat dans la collégiale de Saint-Pierre à Liége, mais la révolution et l’invasion française ne lui permirent pas d’en jouir longtemps ; fidèle à son devoir, Barret refusa le serment en 1797, et vécut caché jusqu’à la publication du concordat, qui fit cesser, dans nos provinces, les persécutions religieuses. Lors du rétablissement du chapitre de la cathédrale de Liége, en 1803, Barret en fut nommé chanoine et se fit remarquer par un zèle et une activité peu ordinaires. Mgr Zaepffel, évêque de Liége, étant mort en 1808, l’empereur Napoléon Ier nomma à ce siége M. Lejeas, vicaire capitulaire de Paris ; mais le pape Pie VII, refusant d’approuver cette nomination, il s’en suivit un long et regrettable conflit entre le chapitre de Liége et le gouvernement français. Ces difficultés s’aplanirent quelque temps, en 1810, le chapitre ayant consenti à reconnaître M. Lejeas comme vicaire capitulaire avec M M. Henrard et Partouns ; cependant la majorité des chanoines revint ensuite sur cette concession, qui leur paraissait contraire aux canons de l’Église, et refusa de se soumettre à M. Lejeas. Barret était l’âme et le chef de cette opposition ; aussi encourut-il bientôt les rigueurs du gouvernement français : le 22 mars 1811, il fut arrêté par la gendarmerie et transporté à Besançon. Durant son exil, il ne demeura point oisif : comme il connaissait plusieurs langues, il se dévoua au service des militaires qui encombraient alors les hôpitaux de l’armée française. Cependant, au mois de février 1813, l’arrêt de bannissement fut levé et il revint dans sa patrie. Peu après, le 22 janvier 1814, les alliés entrèrent à Liége ; M, Lejeas se retira avec l’armée française, et Barret fut élu vicaire capitulaire du diocèse. Le pape confirma cette élection le 13 février 1815.

De 1815 à 1829, Barret administra le vaste diocèse de Liége, et se voua tout à fait à sa réorganisation. Ce fut lui qui rouvrit le petit et le grand séminaire de Liége, développa les communautés religieuses chargées de l’instruction de la jeunesse et du soin des malades, et établit les retraites annuelles pour les ecclésiastiques. Sous le règne de Guillaume Ier, il fut entraîné de nouveau dans une série de graves conflits avec le gouvernement hollandais au sujet de la loi fondamentale, des articles organiques, de la liberté d’enseignement, de la suppression des séminaires et de l’érection du collège philosophique de Louvain ; il eut la satisfaction de voir cette fois le gouvernement faire droit à plusieurs de ses justes réclamations.

A la suite du concordat entre Guillaume Ier et Léon XII (1827), le pape proposa Barret pour le siége de Liége, mais le gouvernement s’y opposa vivement, et M. van Bommel lui fut préféré. Sous ce prélat, Barret continua à s’occuper des affaires du diocèse jusqu’en 1831. Cette année, l’évêque de Namur, Mgr Ondernard, décéda, et le pape Grégoire XVI lui donna Barret pour successeur. Le sacre eut lieu à Namur le 5 juin 1833. Mgr Barret était vieux et infirme quand le fardeau de l’épiscopat lui fut imposé, aussi ne le porta-t-il pas longtemps : il mourut à la campagne, à Flémalle-Haute, où il s’était retiré pour rétablir sa santé.

Eugène Coemans.

Kersten, Journ. hist. et litt., t. I, p. 265. — J. Daris, Hist. de Looz, t. II, pp. 108-130.