Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BERGHES, Philippe-François DE GLYMES, prince DE

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BERGHES, Philippe-François DE GLYMES, prince DE



BERGHES (Philippe-François de Glymes, prince DE), homme de guerre, naquit vers 1650 et mourut à Bruxelles le 12 septembre 1704. Il était le cinquième enfant d’Eugène de Glymes, dit De Berghes, comte de Grimberghe, baron d’Arquennes, et de Florence-Marguerite de Renesse, dame de Feluy, Écaussines, etc. Conseiller de guerre, mestre de camp d’une terce d’infanterie wallone, capitaine d’une compagnie d’hommes d’armes en 1676, général de bataille en 1684, gouverneur et capitaine général du Hainaut en 1690, enfin gouverneur de Bruxelles à partir du 17 avril 1695, il jouit de toutes les distinctions que son mérite et la faveur royale pouvaient lui valoir. En 1686, par les lettres patentes du 23 mai, Charles II d’Espagne lui conféra le titre de prince, pour le récompenser de vingt années de bons et loyaux services « eu égard, dit le document officiel, à l’extraction, sens, preudhommie, fidélité, valeur et expérience dudit messire Philippe-François. » En 1688, il fut envoyé à la cour du roi Jacques d’Angleterre, à l’occasion de la naissance du prince de Galles ; en 1693, il alla au-devant de l’héritier de la couronne de Danemark, et lui fit les honneurs du pays ; le 17 mars 1694, il fut créé chevalier de la Toison d’or, et reçut le collier des mains du duc de Bavière. En 1674, il avait épousé Marie-Jacqueline de Lalaing, dont il eut trois enfants qui firent les plus brillantes alliances. L’aîné, Alphonse-Dominique-François, mort sans postérité, fut élevé par Philippe V au rang de grand d’Espagne de première classe et décoré, comme son père, de l’ordre de la Toison d’or. Mais ce n’est point par la splendeur de ses titres qu’un homme vit dans l’histoire. Ce qui a perpétué le nom de Philippe-François, c’est la défense héroïque de la ville de Mons, assiégée en 1691 par Louis XIV en personne (voir l’article Agurto). Les conférences des alliés, réunis à la Haye, furent brusquement interrompues, le 14 mars, par la nouvelle d’une irruption des troupes françaises dans le Hainaut. Le plus grand secret avait été gardé : les premiers mouvements de l’armée envahissante avaient inspiré des craintes pour Ostende, peut-être pour Charleroi ; mais on ne prévoyait nullement une entreprise contre Mons. La capitale du Hainaut était parfaitement fortifiée, protégée par une bonne garnison et par un chef résolu ; mais elle fut attaquée avec tant de vivacité et par des moyens stratégiques si nouveaux, que le peu de durée de sa résistance ne porta aucune atteinte à la réputation du prince de Berghes. Les travaux du siége furent dirigés par Vauban. La ville subit les horreurs d’un bombardement ; tout un quartier était déjà réduit en cendres, que Philippe-François n’avait pas encore prêté l’oreille à un parti considérable de bourgeois qui le suppliaient de capituler. Il tenta un effort désespéré, fit une sortie vigoureuse et culbuta les gardes françaises : les assiégeants durent lui demander une suspension d’armes pour enterrer les morts. Un second assaut eut pour résultat la déroute des mousquetaires ; mais la place, canonnée sans relâche, était en ruines ; le gouverneur ne pouvait espérer du secours ; enfin les bourgeois s’étaient décidés à faire une capitulation à part. Il fallut battre la chamade le 6 avril, à quatre heures du soir. Le prince de Berghes demanda de ne sortir qu’au bout de huit jours, de ne livrer qu’une porte de la ville avant son départ, et à soixante hommes seulement. Il n’obtint que quarante-huit heures ; mais on lui accorda les conditions les plus honorables, six pièces de canon, trois cents chariots et la liberté pour toute la garnison. La prise de Mons fit beaucoup d’honneur aux armes françaises ; mais on peut dire que dans les conditions où il se trouvait, le général belge eut sa large part de gloire.

Alphonse Le Roy.

Quiney, Rapin-Thoyras, de la Hodde et la plupart des historiens du règne de Louis XIV. — Mémoires du temps. — Goethals, Dict. généal., au mot Glymes de Berghes.