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viennent le lendemain les offrir à 100 francs de perte.

L’homme raisonnable est celui qui dit : « Je crois que cela vaut tant, parce que j’ai du génie ; mais s’il faut faire quelques concessions, je les ferai, pour avoir l’honneur d’être des vôtres. »


III

DES SYMPATHIES ET DES ANTIPATHIES

En amour comme en littérature, les sympathies sont involontaires ; néanmoins elles ont besoin d’être vérifiées, et la raison y a sa part ultérieure.

Les vraies sympathies sont excellentes, car elles sont deux en un — les fausses sont détestables, car elles ne font qu’un, moins l’indifférence primitive, qui vaut mieux que la haine, suite nécessaire de la duperie et du désillusionnement.

C’est pourquoi j’admets et j’admire la camaraderie en tant qu’elle est fondée sur des rapports essentiels de raison et de tempérament. Elle est une des saintes manifestations de la nature, une des nombreuses applications de ce proverbe sacré : l’union fait la force.

La même loi de franchise et de naïveté doit régir les antipathies. Il y a cependant des gens qui se fabri-