Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/263

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assurer le succès du soulèvement ; il démolira les vieilles institutions ; il organisera la défense du territoire. Quant à ceux qui ne voudront pas reconnaître son autorité, — la guillotine ; à ceux, peuple ou bourgeois, qui refuseront d’obéir aux ordres qu’il lancera pour régler la marche de la révolution — encore la guillotine ! » Voilà comment raisonnent les Robespierre en herbe — ceux qui n’ont retenu de la grande épopée du siècle passé que son époque de déclin, ceux qui n’y ont appris que les discours des procureurs de la république.




Pour nous, anarchistes, la dictature d’un individu ou d’un parti, — au fond, c’est la même chose, — est jugée définitivement. Nous savons qu’une révolution sociale ne se dirige pas par l’esprit d’un seul homme ou d’un groupe. Nous savons que révolution et gouvernement sont incompatibles ; l’un doit tuer l’autre, peu importe le nom qu’on donne au gouvernement : dictature, royauté, ou parlement. Nous savons que ce qui fait la force et la vérité de notre parti gît dans sa formule fondamentale : — « Rien ne se fait de bon et de durable que par la libre initiative du peuple, et tout pouvoir tend à la tuer » ; c’est pourquoi les meilleurs d’entre nous, si leurs idées ne devaient plus passer par le creuset du peuple pour être mises à exécution, et s’ils devenaient maîtres de cet engin formidable — le gouvernement — qui leur permît d’en agir à leur fantaisie, deviendraient dans huit jours bons à poignarder. Nous savons où mène chaque dic-